L'économie de l'IA est une chaîne financière fragile

Comme l'explique Ed Zitron, la bulle que connaît actuellement le secteur de l'intelligence artificielle a la forme d'une chaîne, une chaîne profondément vulnérable maintenue ensemble par la dette et le capital-risque. Pour comprendre la fragilité de cet écosystème, il faut en examiner chaque maillon.

NVIDIA vend des GPU à une entreprise. Passé ce stade, la rentabilité s'évapore pour tous les autres acteurs de la chaîne. Ces GPU sont achetés, pour la plupart, à crédit par l'intermédiaire de banques ou d'institutions financières. Une fois les GPU acquis, l'entreprise engloutit des centaines de millions de dollars pour construire un centre de données. Si les hyperscalers (e.g. Google, Microsoft) peuvent financer ces achats par leurs flux de trésorerie, même eux ont commencé à se tourner vers l'endettement.

Une fois opérationnel, ce centre fournit de la puissance de calcul à un fournisseur de modèles, qui commence alors à perdre de l'argent en vendant ses services. OpenAI et Anthropic, par exemple, perdent tous deux des milliards de dollars et dépendent entièrement du capital-risque pour continuer à payer l'accès à ces GPU. Les ventes d'abonnements et l'accès API à leurs modèles coûtent en effet bien plus chers à fournir que les revenus qu'ils génèrent.

Les startups spécialisées dans l'IA paient pour accéder à ces modèles afin de faire fonctionner leurs services mais leurs coûts dépassent leurs revenus. Elles doivent ainsi elles aussi lever du capital-risque pour continuer à payer l'accès à ces modèles.

Si l'on excepte les hyperscalers qui paient NVIDIA avec leurs flux de trésorerie, aucune partie de l'industrie de l'IA n'est alimentée par des revenus. Chaque segment de l'industrie dépend d'une forme de subvention : capital-risque, private equity, crédit privé, ou financement bancaire.

La bulle de l'IA est un test de résistance du système mondial de capital-risque, de private equity, de crédit privé, et du système bancaire institutionnel, un test de leur volonté de financer tout cela indéfiniment. Pourquoi indéfiniment ? Parce qu'il n'existe pas une seule entreprise d'IA générative qui dispose d'un chemin clair vers la rentabilité. La question est de savoir combien de temps le système financier mondial sera prêt à maintenir cette chaîne en place et la forme que prendra la déstabilisation.